Celui qui voit ne sait pas voir

Ce livret propose de mettre en connexion des oeuvres d'artistes avec des extraits de mes lectures de Jacques Rancière (Le spectateur émancipé et Le destin des images), afin de mieux comprendre l'image et tout ce qu'elle implique dans ce qu'elle donne à voir.

Bilan général 14/12

Bilan avec l'équipe tutorale + coordinatrice + autres enseignants

Ce bilan m'a permis de faire découvrir mon projet aux autres enseignants et de présenter mes nouvelles expérimentations à mes tuteurs.
Si mon discours est cohérent et compréhensible, ma production n'est pas à la hauteur de ce que j' énonce. Je me suis trop préoccupée du dispositif en lui-même que du choix des images dont je parle. Il faut que j'amène ma production visuelle au niveau de ma production théorique.
Quelles images ? Pourquoi ? Pour dire quoi ?
Est-ce que toute image peut être prétexte à ce type de dispositif ?
À moins que le dispositif lui-même devienne producteur de l'image.
Je pense être arriver à un point décisif où il faut maintenant que je décide de ce que je fais de toute cette recherche plastique pour justifier mon propos.
Le point positif de cette présentation est qu'elle a mis tout le monde d'accord... sur ce qui était bien... et ce qui n'allait pas !

L'image nous montre ce qu'elle nous cache #3

Retour sur mes expérimentations précédentes.
Rompre la symétrie récurrente au structures en volume.

Une image à voir de face / Son reflet à voir au sol
Le reflet nous montre la face cachée de l'image.

L'image nous montre ce qu'elle nous cache #2

Comment le dispositif pourrait-il générer l'image à voir ?
Image muette et illisible à la première lecture, elle se révèle par le parcours dans l'espace.

L'image nous montre ce qu'elle nous cache #1

Les images opèrent un "jeu" de connexions entre visible, dicible et invisible, ce qu'elle nous montrent, donne à voir au délà de ce que l'on regarde.
Derrière chaque image se cache une autre.

Expérimentations [du flou au net]

L'image n'est pas une réalité simple. C'est en la regardant qu'elle se révèle, que le visible devient lisible.

Polaroid #2

Même valeur démonstrative que le post précédent.
Ici, c'est la superposition de calques qui laisse apparaître l'image petit à petit.

Polaroid, ou l'allégorie de l'image

Le polaroid, par sa nature d'instantanée et de révélation progressive, est une belle image de l'image. Un cliché polaroid nous montre que tout n'est pas montré du premier coup, il faut prendre le temps de regarder l'image pour que le visible soit vu.

Bilan tutorat 02/12

Premier bilan avec l'équipe de tuteurs.

La production est là et le discours de plus en plus construit.
Mais, en regardant l'ensemble de ma production, on constate un décalage important entre ce que je montre et ce que je dis : je parle de l'image mais ma production parle de l'Inde.
Si mon expérience indienne m'a guidée et m'a permis de construire mon discours, elle est devenue, aujourd'hui, beaucoup trop importante.
Il faut que je me détache de l'Inde pour prendre du recul et entamer une nouvelle production qui mettrait en scène des images qui parle de notre rapport à l'image. Une production d'introduction qui viendrait soutenir et illustrer mon discours.

Monument à l'image

Suite à mes premières expérimentations dans l'espace, j'ai pu constater que mes maquettes évoquaient le théâtre, le monument.
J'ai donc creusé dans cette direction pour proposer un espace de papier, qui se déplierait et dévoilerait l'image par un parcours dans l'espace liant le dehors et le dedans.
Cet espace implique l'idée du rituel sacré (// temples) obligeant le spectateur à se baisser pour pénétrer à l'intérieur de l'architecture, et en sortir.

Essais dans l'espace #2

Synthèse #2

Mes réflexions se basent sur l’étude de l’image, du spectateur et la connexion qui lie l’un à l’autre.
Comment voyons-nous ce que les images nous donnent à voir ?
Quel rapport sensible entretenons-nous avec elles ?
En tant que spectateur, lecteur, regardeur, nous absorbons ce flux d’images, telle une éponge, mais regardons-nous vraiment ce que nous voyons ?

Qu’elles soient issues de l’information ou de la société de consommation, les images actuelles racontent bien plus que ce qu’elles nous montrent, par un processus qui veut nous enfermer dans leur partie visible, dans ce qu’elles s’acharnent à nous montrer.

«Celui qui voit ne sait pas voir» Jacques Rancière

Cette prolifération visuelle alimente notre passivité et nous a transformé en consommateurs d’images. Nous nous laissons entraîner dans cet univers fictif que les images nous donnent pour vrai. Un univers loin de la réalité où le poids de la conscience n’existe pas.
Derrière l’écran du visible, se tient une autre image dont le discours silencieux témoigne de notre condition réelle.
Faut-il alors condamner le règne des images qui nous tient prisonnier de leurs illusions ?
Nous avons besoin de ces images et de leur réalité illusoire parce qu’elle nous font voir ce que l’on ne peut pas voir et comprendre sans elles.
Mais alors comment rendre compte de ce qui n’est pas visible ?

Ma volonté est de questionner notre comportement face aux images, à l’oeuvre. Par quels dispositifs, peut-on stimuler notre regard, susciter notre attention, éveiller notre conscience ?

C’est en annulant la distance entre l’image et le spectateur, que je souhaite proposer un nouveau regard sur l’image, un regard qui ne serait plus exclusivement de l’ordre du visible.
Sortir l’image de son cadre pour la mettre en scène dans l’espace réel et permettre au spectateur de tourner autour, rentrer dedans et se confronter ainsi à ce qu’elle donne à vivre et non plus seulement à voir.

Ce raisonnement implique un engagement total du spectateur. Il doit s’abîmer, entrer dans l’oeuvre. L’image qui se donne comme récit possible, suppose une immersion complète visant à produire une expérience qui ouvre à son tour sur un certain savoir, connaissance.
Ce dispositif propose de voir les choses différemment, pour libérer notre regard de nos conventions et nous entrainer au coeur d’un processus sensible où la lecture d’une image devient une expérience à vivre.