dimanche 18 octobre 2009

Les Indes de l'Inde

L'Inde ?
Pourquoi ?
Comment ?
Où ça ?

Voici un résumé critique de mon expérience :

Je suis partie en juillet dernier faire un stage dans une association spirituelle à Varanasi (ville sainte de l'hindouisme) en Inde du Nord. Mon rôle était de les aider à développer des films d'animations sensibilisant les populations rurales à la santé, l'hygiène, l'alimentation.

Je n'ai pas réussi à m'adapter à mes conditions de travail (physiques et morales), ce qui m'a obligé à mettre un terme à cette expérience au bout de d'un mois.

La culture indienne, très stricte, très complexe, très cloisonnée (et particulièrement à Varanasi où la religion est omniprésente) est très très très difficile à appréhender quand on le vit de l'intérieur (et quand on est une femme..…..)

Entre le travail et le logement (chez une famille locale) j'ai eu l'occasion de vivre le quotidien de la femme indienne, et cela n'a rien d'agréable. On a beau avoir conscience de cette réalité, il faut vraiment le vivre pour en mesurer l'étendue et la gravité.
Après m'être affranchie, je suis partie sur la route de l'Himalaya pour découvrir le Ladhak et le Cachemire (extrême Nord-Ouest), où je suis allée à la rencontre de la culture bouddhiste (Ladhak), et islamique (Cachemire).


Si l'hindouisme m'a laissé totalement perplexe, j'ai été particulièrement sensible au bouddhisme et notamment à la découverte de leurs "objets de prières" qui interrogent la relation entre l'individu et l'objet, l'objet et l'espace, et la diffusion d'un message spirituel via l'objet, dans l'espace.

Je me suis rendue compte qu'on ne pouvait pas parler de l'Inde mais plutôt DES Indes. La culture, la religion, l'alimentation, l'environnement, la langue, la morphologie des habitants, sont diverses et variés selon la région où l'on se trouve.
On ne peut donc pas faire de généralité sur l'Inde. Ce sera comme dire que l'Espagne est pareil que la Suède, après tout c'est l'Europe !

D'autre part, l'emprise de la religion hindoue sur la société indienne et ses conséquences (notamment la condition de la femme) est à relativiser.
Car cette réalité est bien différente selon les régions. Des villes comme New Delhi et Mumbaï sont des villes modernes et bons nombres de femmes sont émancipées de ce carcan culturel, elles font des études et s'habillent à l'occidentale (même si elles ne peuvent toujours pas choisir leur mari et restent liée à leur caste).
Varanasi étant la ville la plus spirituelle de l'Inde, les vieilles traditions sont le quotidien de tous et pour tous.

Parallèlement, l'Inde est sans doute l'un des pays les plus touristiques du monde… Et notre société occidentale ne se gène pas pour nous vendre une image de l'Inde irréaliste et totalement fausse.
D'autant plus que le touriste ne voit que ce qu'il veut voir, et se voile la face sur cette réalité si triste… la plupart ne sont là que pour consommer l'Inde.
Ils viennent prennent leur photo du Taj Mahal, en évitant de regarder la misère environnante, et rentre chez eux pour pouvoir dire "j'y étais, regardez comme c'est beau !".
À savoir que dans certaines régions (par exemple le Radjasthan), certaines scènes sont orchestrées en faveur des touristes : les locaux en magnifiques costumes colorés, sont en réalité des employés rémunérés qui ne paradent que pour le plaisir des touristes.

L'Inde est-elle encore authentique ? En tant qu'étranger il est vraiment difficile de s'y retrouver lorsqu'on est considéré comme un numéro de carte bancaire, et où toute conversation se révèle être intéressée.
De toute façon, par défaut, nous sommes des hors-castes, tenter de s'intégrer se révèle être une mission quasiment impossible.

Pour conclure, je n'ai pas eu le "coup de foudre" pour l'Inde, et pour le coup j'ai envie d'en parler. Non pas pour dénoncer la réalité indienne, mais plutôt pour réfléchir à une notion beaucoup plus universelle qui est l'authenticité, notre quête de l'authenticité et notre besoin d'authenticité…

Affaire à suivre....

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