En évoquant l'idée d'authenticité à travers le regard que l'on porte sur une image, je ne peux m'empêcher de me tourner en premier lieu vers la photographie.
En effet, avec l'avènement du numérique, la photographie ne cesse d'alimenter des débats interminables. Chacun cherche à défendre son bout de gras.
Les plus vieux regretteront leur bonne vieille pellicule ASA tandis que les plus jeunes se réjouiront de la facilité et de l'accessibilité à produire des photos numériques.
Mais qu'en est-il réellement ?
Les jpeg ont remplacé le papier aux senteurs chimiques, les albums Facebook ont pris la place de nos livre-albums. Et seuls les plus aventureux d'entre nous, se donneront encore le mal de développer leur photos, et encore faut-il avoir une bonne imprimante et du bon papier, quoi que dans le cas contraire, on apportera nos photos sur clé USB à une borne d'impression numérique, ou alors on fera un DVD interactif à regarder sur la télé !
Finalement avec le numérique, chacun peut y trouver son compte, sur papier ou sur écran, on a l'embarras du choix !
Pourtant certains continueront de vous dire "rien n'est comparable au piqué et à la profondeur d'une photo argentique !"
Si on me pose la question, je répondrais qu'une photo est une photo, ce n'est qu'une image imprimée sur papier. Nos technologies sont suffisamment avancées pour produire des photos qu'une qualité à s'y méprendre ! Alors arrêtons de chercher la p'tite bête, et intéressons nous plutôt au processus, car c'est véritablement le point sur lequel le numérique a changé nos moeurs et nos rapports à l'image.
Avant, lorsqu'on prenait une photo avec un appareil argentique, on se représentait la photo dans notre tête, on produisait une image mentale qui était la représentation de ce que l'on voulait photographier.
Aujourd'hui, l'image apparait sur nos écrans LCD, il nous suffit de bien cadrer et d'ajuster nos réglages, on voit en direct notre photo avant même de la prendre. Et puis si on n'est pas vraiment sûr, on peut la visualiser sur l'écran, zoomer, recadrer et éventuellement l'effacer et recommencer.
On rentre à la maison, on branche le cable USB, et en quelques minutes on récupère les 278 photos prises ce week-end. On redécouvre nos clichés sur écran, quoi qu'on les connait déjà bien, puisqu'on les a pris tout à l'heure.
Avec l'argentique, la photo n'est qu'un souvenir de notre imagination tant qu'on n'a pas apporté la pellicule chez un photographe. Et des fois ça prend du temps avant qu'on prenne le temps de le faire. Et puis on retournera chez le photographe pour récupérer nos clichés, accomplissant ainsi une sorte de rituel inévitable, faisant parti intégrante du processus. La photo ne peut exister que par sa matérialisation sur papier.
Le numérique a donc bouleversé nos habitudes en permettant l'existence de la photo dès le moment où on aura appuyé sur le déclencheur. La virtualité est l'essence de la photo numérique. Et nous avons totalement intégré cette existence immatérielle qui la définit, aussi étrange cela soit-il...
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